On était partis en avance, pour être à l’heure. Après 1h30 de route et presque 1h d’embouteillage, nous sommes enfin arrivés au New Morning.
On rentre dans la petite salle, un bar à droite et une toute petite scène au fond, quelques chaises. Les murs rouges recouverts de portraits de musiciens de Jazz … le décor est planté.
Une petite porte qui s’ouvre … et un ahhhhhh s’élève …. Mauro Serri, sourit, “ce n’est que moi”. Il vient surement prendre la température, sert quelques mains … et repart vers les loges. Un quart d’heure plus tard, les musiciens entrent sur scène, sous les applaudissements. Mauro est de retour et Bill fait son entrée, salué comme il se doit.
On est à 5m de la scène …
Quelques mots de bienvenue, une première chanson. Ce soir, on n’est pas au Zénith, ni à Bercy, on est entre potes pour passer une bonne soirée bercée de blues et de reggae.
Ce n’est pas un spectacle rodé et mécanique, comme on peut l’imaginer mais plutôt une bande de copains complices et heureux de blueser ensemble. Heureux de se retrouver là et donner à un public qui connait les chansons par coeur et qui continue de chanter quand Bill fait semblant d’avoir un trou de mémoire.
Un petit mot entre chaque chanson, il parait que c’est pour laisser le temps à Mauro de changer de guitare et de s’accorder, n’empêche, les mots sont là et le message passe. Fraternité et solidarité …
Esclaves ou exclus
Esclaves ou exclus la douleur est la même
Esclaves ou exclus
La seule chose qui pollue jusqu’aux nues
c’est la loi du système
On le dit néo-libéral : mais qu’y a-t’il de vraiment nouveau ?
Sinon le turbo temps réel qui le rend tout puissant
La liberté nouvelle c’est l’esclavage des egos
Et l’exclusion des inclus encombrants
Qui ralentissent le mouvement …..
Bill braille mais ne hurle pas, il dénonce simplement avec une verve bien a lui.
Il parle aussi de ses moments de blues et quand il commence “Entre deux eaux”, c’est toute la salle qui chante avec lui …
Coté musiciens ça assure. Des solos, d’enfer, à la guitare, au clavier, à la batterie.
Un “petit” mot de Mauro Serri … guitariste de génie. Bill et lui sont des complices de longue date et ça se voit. Mauro n’est pas venu pour frimer, il donne à son public sans compter. Un solo qui n’en finit pas, en parcourant la salle et tout le monde est debout.
-oO&Oo-
3h de spectacle, chapeau Bill … Un dernier mot de remerciement et le voilà parti, la salle est debout et réclame son retour … il fait durer un peu et le revoilà sur scène, “Babylone tu déconnes” pour finir en beauté. C’est la dernière chanson, pas besoin de choeurs, il a 500 personnes derrière lui qui chantent et se “défoncent la paume”. Puis la musique s’arrête, un dernier salut et la scène est vide. La lumière revient.Dans tous les regards … “mince, c’est déjà fini …”
Certains partent tout de suite, d’autres trainent. Mauro Serri vient signer des autographes. Cet homme là sourit aussi avec ses yeux, il est content de sa soirée et nous aussi. Un mot pour chacun et il repart.
Une poignée d’irreductibles restent, on attend, alors que la scène est démontée, les chaises rangées. Bill …va t-il venir signer ??? la porte des loges n’arrête pas de s’ouvrir et de se refermer.
Je n’avais jamais fait ça … attendre pour un autographe, mais j’avais une sacrée bonne raison. Bill est fatigué et on ne sait pas s’il va venir. Mais peu importe, même si c’est pour rien on attend.
Et puis il est arrivé, presque surpris de nous voir, étonné peut être. D’une voix calme qui contraste avec ce qu’on vient d’entendre, il remercie chacun et signe bien volontiers.
J’ai presque honte d’avoir abusé de son temps pendant 2mn, moi qui n’ose jamais rien et qui a toujours peur de déranger. Je m’approche et je dis au mec à coté de moi … “je suis là mais je sais même pas quoi lui dire”. Il me répond “ben demande lui un autographe, tu verras il est cool.”
C’est mon tour, un sourire “Bonjour … merci pour cette soirée, c’était vraiment super” il me répond, “de rien, on a fait ce qu’on a pu” … Encore un mot gentil … et puis “Au revoir” et voilà …
La soirée se termine …
Merci Bill, cette soirée, je ne suis pas prête de l’oublier … Un énorme Merci …