Un Café chez Misty

Début des années 80. Je me souviens avoir chanté à tue-tête “Babylone tu déconnes” ou “Faut que j’me tire ailleurs”….. ça vous dit quelque chose ? Oui, hein !
Les radios de l’époque les passaient souvent. Bill Deraime …., ça devrait vous aider un peu plus.
Moi … 15 ans. N’ayant que la radio pour écouter de la musique, je n’ai pas pu découvrir les autres morceaux de l’album. Et ouais … refusant de faire ma communion, je n’ai pas eu droit au magnétophone ou au tourne-disque. Les cousines et cousins m’avaient pourtant prévenue “T’es folle !Si tu fais pas ta communion, t’auras pas de cadeaux !” Ben la Mistouille est restée de marbre et a continué d’écouter sa pov’ radio. Quasiment pas d’argent de poche non plus, bref passons ….. et revenons à ce brave Bill.

Il a fallu 28 ans pour qu’au hasard d’une conversation avec mon frère de galère (bisouilles mon Didou), “Babylone, tu déconnes” me revienne à l’esprit. C’était bien ça, je m’en souviens. Un petit tour sur le net et je tombe sur son site officiel (voir les liens). Au hasard d’un clic, j’ai pu acheter deux cd. Et bien me voilà dans l’angoisse ….. je suis passée à coté de ça ! Mais qu’est ce que j’ai loupé encore ?

Parce que les autres morceaux sont encore mieux, je ne vais pas vous faire l’article style oenologue musical, mais cette musique, c’est de la bonne. Si vous avez ne serait ce qu’essayer de faire un accord sur le manche d’une guitare, vous aurez mal aux doigts rien qu’à écouter le guitariste Mr Mauro Serri . Sa version live de “Entre deux eaux” me donne des crampes dans les mains sans parler de “Chaque Matin” …
Quant à la voix de Bill Deraime, sur cet album, elle a pris du tanin et c’est tant mieux. Ses textes sont simples, au goût de vécu et pleins de générosité, j’adore.

Alors si vous aimez le blues et que comme moi, vous êtes passés à coté de ce grand monsieur (ben oui … faut le vouloir quand même), vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Vous vous souvenez que je m’étais lancée avec mes potes dans l’aventure d’un spectacle … mais si … rappelez vous la célèbre chanson … la raie au milieu …
(Et bien figurez vous qu’elle n’a pas été retenue, mais nous en avons commis une autre.)

Bref, de création en répétition, nous avons fini par monter un petit spectacle de 45mn. Au départ, il faut avouer que le thème du “cheveu” nous laissait perplexe.

Pourtant, samedi dernier, nous nous sommes donnés en spectacle, et pas qu’un peu !

Prenez, 3 musiciens dont un éclairagiste et un ingénieur du son, un auteur metteur en scène, un conseiller artistique, 5 jeunes ados acteurs (trices) et mimes, 3 actrices chanteuses conteuses et vous obtenez une petite troupe bien sympatique, déterminée à faire rire et qui n’a peur de rien, même pas du ridicule !

Voici quelques photos, je n’ai pas osé publier celles de mes complices sans leur autorisation.

LUMIERE !

Premier défilé de mode ! Le but du jeu était de deviner l’expression ou le jeu de mot …

L’épi - tête

La tête de fil !

Et ouais …. je vous dis … heureusement que le ridicule ne tue pas …Je vous laisse imaginer, il y avait la tête à n’os, la tête de noeud, la tête dans le sac, la tête anisée aussi …

Les jeunes nous ont fait des sketchs et des mimes et tout ça en musique s’il vous plait !

Un peu plus sérieux, mais à peine, me voici en chanteuse pour l’occasion, détournant sauvagement une chanson de Thomas Fersen “Toutes ces bouches à nourrir” devenue “Toutes ces têtes à coiffer” (têtes que je finis par massacrer).

Alors évidement, tout le monde s’est pris au jeu et a bien rigolé.

Nous avons terminé par une manif de cheveux ! Avec une dernière chanson dont je vous livre les paroles, vous reconnaitrez l’air.
C’est la chuuuuute finaaaaaale

Dressons nous tous en l’air !

La chooooose capitaleeeeee

Sera le capillaire !

Voilà, je vous laisse car il est temps que j’aille au lit, sur ces dernièrs mots :
Ayons une pensée pour tous nos camarades, ceux qui ont été censurés par la lotion, qui n’ont pas résisté au frisage et au défrisage et qui sont morts au front ….

Dans l’épisode précédent, Misty s’était rendue à Paris en train pour voir ses copines. Samedi, elle a remis ça !

Je me suis préparée samedi matin, jean basket … et puis …. non, c’est tarte je remets les bottines.

J’ai pris mon train gaiement et sans regret … mère et épouse indigne que je suis, laissant mes trois enfants à mon mari. Ouf ! Une petite journée rien que pour moi !

Arrivée à Paris, je descends du train (vaut mieux, me direz-vous).
Fière comme tout, connaissant le quartier, sans peur de me perdre et dépassant les provinciaux occupés à regarder les pancartes et leur plan de métro. Moi, j’allais droit devant, d’un pas sur et décidé. Moi je savais où j’allais !

Je sors de la gare sous un magnifique soleil … et c’est là que tout a commencé.

Portant un poids certain depuis 43 ans de bons et loyaux services, ils se décidèrent soudain à ne plus avancer. On n’avait jamais vu ça !

Mes pieds m’ont lâchement abandonnée.

A croire qu’en voyant les pavés, ils se sont crus revenus en 68 et qu’ils ont débrayés. (et oui … je manifestais déjà à trois ans moi ! Si si si ….. en poussette)
Ils se sont dit “ah non pas ça, elle va pas nous refaire le remake de “La traversée de Paris !”
Dés les premiers mètres, ils se sont rappelés à mon bon souvenir.

Mais, n’écoutant que mon courage, j’ai continué aussi droit que me permettait la douleur. Je fais un premier petit tour dans un magasin, quelques emplettes pour une copine et je ressors du magasin.

Et alors que je voulais prendre une rue, je tombe … sur un homme en bleu, mais oui … vous savez … ceux qui portent un espèce d’engin sur le coté de la hanche, histoire de se fendre la gueule … enfin la votre plutôt …

“Nan madame, vous ne pouvez pas passer par là !” (j’aime pas qu’on m’appelle “Madame” sur ce ton là)

Devant mon air interrogateur (le premier qui dit “bête” est prié de sortir), ce brave homme me dit, “le quartier est bouclé !”
Je repars donc avec mes paquets, décidée à prendre un autre chemin, quand un vélo me passe sous le nez.
Je refais quelques pas en arrière, je demande “pourquoi un vélo peut passer et pas moi ?”

Comprenez que l’heure était grave. Je ne supporte pas l’injustice. C’est alors que s’en suivit un dialogue ubuesque. J’avoue que je ne sais pas ce qui m’a pris.

Il me répond : c’est parce qu’il est en vélo (ce que j’avais bien vu …)

moi : ben moi je suis à pied

lui : vous habitez le quartier ?

moi : non, j’ai mal aux pieds

lui : y a une manifestation, on bloque

moi : ben pour les manifs, les pieds c’est l’pied …

Pourquoi je lui ai dit ça, je ne sais pas, c’est la douleur qui parlait, obsédée que j’étais …. par mes pieds.

J’ai vu dans son regard, comme une hésitation, l’homme ne sachant pas comme on dit “cheu mé”, si ch’tait du lard ou du cochon (ne sachant pas si je me fichais de lui ou si je parlais sérieusement).
Et puis,je me suis dit qu’il ne valait mieux pas que j’insiste.

Je suis donc repartie, avec mes sacs et mon plus beau sourire. Droite comme i, même pas peur ! (en vrai , il aurait fait “bouuuuu” qu’il m’aurait vu détaller comme un lapin …)
A l’heure qu’il est, je n’ai toujours pas compris pourquoi, je ne pouvais pas passer à pied.

J’ai retrouvé les copines, entre autres Nathalie et France. Et nous avons passé une super après midi, au milieu des tissus et des bouquins.
Je dois avouer que je n’ai fait que les regarder travailler et j’ai un peu fait le clown comme d’habitude … histoire de rire un bon coup. J’adore ces après midi.

Thé, petits gâteaux …. ce fut malheureusement l’heure du départ et des “au revoir”. J’ai repris mon train et j’ai retrouvé ma petite famille.

Promis la prochaine fois je prends des photos !